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Remise de Prix Poésie
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Cinéma virtuel avec Dream On
Bien Doubout
Solo What
Jimmy goes to Tropico
La troisième édition du Kreyol International Film Festival (KIFF) s’est achevée au cinéma Écoles Cinéma Club, à Paris, mardi 30 septembre 2025, devant des films inspirants.
Six jours durant lesquels Paris est devenu le cœur battant du festival de cinéma kréyolphone. Avec 13 films en compétition venus des Caraïbes, de l’océan Indien et d’ailleurs; en langues créoles ou non.
Le festival a débuté le 23 septembre par une conférence internationale ambitieuse : « Les langues créoles : langues d’avenir ».
Organisée à la Salle Eugène Henaff à Paris, cette rencontre a réuni des chercheurs et linguistes de Martinique et de l’Île Maurice, tout en établissant des connexions en direct avec Haïti, la Guadeloupe et la Barbade.
Un moment fort qui a posé les bases intellectuelles du festival : les langues créoles ne sont pas des vestiges du passé mais des outils vivants de création contemporaine.
Rachid Dhibou, réalisateur, pour Jimmy Goes to Tropico
Trois jours plus tard, le 26 septembre, la séance d’ouverture à Commune Image (Saint-Ouen-sur-Seine) marquait un tournant dans l’histoire du Kreyol International Film Festival. La projection de Dream On, film guadeloupéen de Christopher Bordelais et Jordan Laurent, s’est déroulée en mode hybride : spectateurs présents dans la salle et participants connectés en France hexagonale et hors de France, ont partagé simultanément cette expérience cinématographique.
Une première pour le festival, qui ouvre des perspectives inédites de démocratisation quant à l’accès au cinéma kréyolphone.
Du 27 au 30 septembre, le cinéma Écoles Cinéma Club est devenu le temple du cinéma indépendant kréyolphone. Courts-métrages, fictions et documentaires se sont succédé et ont offert un panorama saisissant de la créativité de cet espace géographique et culturel.
Parmi les moments marquants :
la découverte de Cœur Bleu, un court métrage de Samuel Suffren. Une fiction haïtienne qui suit Marianne et Pétion dans l’attente angoissante d’un appel de leur fils émigré aux États-Unis.
Ou encore Le Dernier Repas de Maryse Legagneur. Un puissant long-métrage sur la réconciliation père-fille dans un Haïti post-dictature.
Le documentaire René Maran, le premier Goncourt Noir a également marqué les esprits, découvrant ou redécouvrant cette figure oubliée de la littérature qui osa, en 1921, dénoncer sans fard la réalité coloniale.
Le 29 septembre, le Kreyol International Film Festival rendait hommage à Christian Lara, pionnier du cinéma guadeloupéen décédé en septembre 2023, avec la projection de Yafa (Le Pardon). Un docu-fiction qui confronte un policier martiniquais et un migrant lors d’un contrôle nocturne. Un dialogue profond sur l’identité, l’exil et la reconnaissance de l’autre.
Luc Saint-Eloy et Sidiki Bakaba, comédiens, pour Yafa (le pardon)
La remise des Lanbi Awards, qui clôturait le Kreyol International Film Festival mardi soir, a consacré cinq œuvres remarquables :
Blue Heart (Haïti) – Samuel Suffren
Voyages en têtes étrangères (France) – Antonio Amaral
Le Dernier repas (Haïti/Canada) – Maryse Legagneur
René Maran, le premier Goncourt Noir (Guyane) – Fabrice Gardel & Alexia Klingler
Les Foyers de la colère (La Réunion) – Kenlo Primate
Cette année, Les Ponts de l’Espoir (Hope and Bridges) a élargi ses horizons en lançant son premier concours de poésie.
À cette occasion, les participants devaient puiser dans une sélection de 10 mots imposés afin de créer leurs œuvres :
Biome • Butiner • Canopée • Éco-conscient • Débrousser • Empreinte • Glaner • Palmeraie • Solaire • Vivant
Des mots qui portent en eux toute la poésie du monde naturel, des mots qui invitent à repenser notre rapport à la Terre.
Le prix a été décerné à Evans N’Goran, jeune poète canadien de 16 ans, pour son œuvre « Les Biomes, Couronnes de la Terre ».
Ce qui nous a bouleversés ? La maturité philosophique exceptionnelle de ce texte.
À 16 ans, Evans nous livre une réflexion profonde sur la place de l’humain dans l’écosystème, transformant le « biome » – mot scientifique pour « unité fondamentale pour l’écologie » – en entité spirituelle et poétique.
Le texte a été lu par le comédien et metteur en scène guadeloupéen, Luc Saint-Eloy, lors de la séance hybride du Kreyol International Film Festival, le 26 septembre 2025.
Cette troisième édition du KIFF a définitivement installé le concept de « Kreyollywood » dans le paysage culturel parisien et international. Ce terme, imaginé par Alexia de Saint John’s, fondatrice du KIFF, désigne bien plus qu’une simple industrie cinématographique : c’est une vision de l’espace kréyolphone comme territoire créatif, réunissant près de 20 millions de locuteurs créoles à travers le monde.
Le KIFF n’est qu’une des manifestations de cette vision. Les associations Les Ponts de l’Espoir (Hope and Bridges) et Au-Delà de l’Horizon, préparent déjà le prochain Ti-Kreyollywood (rendez-vous de courts-métrages du 31 janvier 2026) et le SILEK (Salon International du Livre de l’Espace Kréyolphone.
Aux réalisateurs et producteurs qui ont inscrit leurs films au KIFF 2025, aux partenaires Ecoles Cinéma Club, Commune Image, Comité des fêtes de Paris 13e, aux bénévoles. Un grand merci car sans vous rien n’aurait été possible.
Alors que le rideau tombe sur cette édition 2025, l’équipe du KIFF lance déjà ses appels à films pour l’édition 2026. Les concours de poésie, d’art postal et de créativité lexicale créole ouvriront dès octobre 2025.
Le message est clair : le cinéma kréyolphone existe, il est vivant, innovant et n’attend qu’à être découvert. Et, Paris, pendant six jours, en a été le témoin privilégié.
Toutes les images sont de Ange Chardy Kina, vidéaste bénévole. pour le KIFF.
À propos du KIFF
Le Kreyol International Film Festival est organisé par l’association Les Ponts de l’Espoir (Hope and Bridges) en partenariat avec l’association Au-Delà de l’Horizon. Il a pour mission de promouvoir le cinéma, le patrimoine linguistique et les cultures des territoires kréyolphones.
Un pays qui n'a pas de cinéma n'est pas un pays. Car s'il n'a pas de cinéma, il n'a pas de langue. Et s'il n'a pas de langue, il n'a pas de peuple.
"Sé ti goutt dlo ka fè gwo larivyè"
(Les petites gouttes d'eau font les grandes rivières)
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